

Anne-Catherine, maman d'Iris, 18 ans
Listez les difficultés ? Facile, il y en a tellement !
Et lorsqu'on se retrouve devant la page blanche, le découragement s'installe. Par où commencer ? Lesquelles citer ? Comment les trier ? Comment faire le tri de ce qui tient à MYT1L et de ce qui est lié à l'adolescence ?
Pas facile de démêler tout ça !
Parlons du quotidien actuel d'Iris, 18 ans
Je crois que la première qui me vient à l'esprit, c'est la difficulté de parler à Iris. Si je l'interpelle, elle se crispe immédiatement suivant l'activité qu'elle est en train de faire.
Je m'explique. Depuis la rentrée scolaire, Iris n'est plus scolarisée, elle a obtenu son CAP PSR (Production Service et Restauration) et du coup nous sommes à la recherche de la suite... alors, son activité c'est canapé avec le téléphone !
Effroyable et en même temps, bien compliqué de faire autrement, de faire autre chose ! Donc elle se crispe parce qu'elle sait que soit on va lui demander quelque chose (préparer de la salade verte, mettre la table, ranger le lave-vaisselle) et qu'elle va devoir interrompre le jeu qu'elle est en train de faire et éventuellement elle ne pourra pas battre ses records ! Alors, on récupère quelqu'un qui bougonne, qui tire une tête de cent pieds de long, quand ce n'est pas une colère qui explose.
Le manque d’initiative parlons-en ! Il faut tout demander.... Ranger sa chambre, faire son lit, ranger la salle de bain après y avoir passé une bonne heure !
Et les services rendus à la maison ? C'est comme si ça n'existe pas ! Ranger les culottes et les chaussettes qui sont dans un sac spécifique à la sortie du sèche-linge et une fois par semaine ou par quinzaine, il s'agit de faire le tri et de répartir dans les 10 casiers individuels. Si on demande un service la tendance à oublier est très forte !
Le mot "oublier" est un mot problématique qui génère une colère avec griffures du visage ou "chiffonnage" des branches de lunettes. Cet été 2 paires de lunettes abîmées en 2 mois, et à nouveau début décembre, du coup comme on avait rendez-vous chez l'ophtalmo que début janvier Iris n'avait plus de lunettes pendant quelques temps.
En revanche, il faut reconnaître qu'Iris sait se faire à manger pour le repas du soir s'il n'y a pas d'initiative de notre part.
Et je dois reconnaître aussi que nous n'avons pas beaucoup souffert des nuits. Iris n'a pas toujours eu un bon sommeil, il lui arrive de crier la nuit, mais soit on ne l'entend pas toujours, (ça peut être ses frères et sœurs qui nous l'ont dit) soit elle se rendort assez facilement et je ne peux pas dire que ça nous ait vraiment posé problème.
Parlons du nouveau chapitre de sa vie : l'insertion professionnelle
Les difficultés liées à l'insertion professionnelle. Ça c'est le nouveau chapitre et nous sommes en plein dedans. Depuis le mois de juillet, Iris a son CAP ! La bonne affaire ! Et on fait quoi avec un CAP ? Eh bien c'est là où ça se complique !
Vous en connaissez beaucoup des endroits où on accueille des personnes avec une RQTH à bras ouverts ?
Alors on cherche, on tâtonne, on avance, on attend, on attend beaucoup et puis on compte sur sa bonne étoile.
Et quand on n'est pas dans le milieu on commet des erreurs, on s'éparpille, on part dans tous les sens, au risque de se disperser et de perdre beaucoup d'énergie, de temps et de patience....
Dans le même temps, on a aussi eu le temps d'observer Iris, et on s'est rendu compte qu'elle a peur d'affronter le monde du travail, que sa lenteur est problématique, et du coup ça nous a permis d'avancer, d'évoluer pour finalement accepter d'aller vers le milieu protégé ou "aidé" pour permettre à Iris de trouver plus d'autonomie.
Et puis un beau jour ce qu'on a semé entre septembre et décembre commence à germer.
Le 31 janvier, Iris a participé à un challenge culinaire.
Depuis le 17 février, elle participe activement à un dispositif "Objectif Reclassement" proposé par l'association Sinclair et financé par la région.
Le 6 mars elle est convoquée à un entretien socioprofessionnel par la MDPH pour leur permettre de statuer sur une demande de stage "APIPRO" au centre de réadaptation de Mulhouse, demande que nous ayons déposée au mois de mai 2024, et la convocation est arrivée vers le 20/01 soit 8 mois plus tard !!!!!!
Voilà la situation en ce moment.
Ce temps de recherches, d'incertitudes, de doutes, est plein d'inconfort avec toutes les frustrations, nouvelles adaptations génératrices de stress avec le corollaire que je vous laisse imaginer.
Chez nous c'est souvent le moment des repas en famille qui cristallise les décharges de stress et le temps des colères et frustrations, ça c'est une vraie difficulté qui avait été à son paroxysme pendant le confinement et qui nous avait conduit à demander de l'aide au CMPP. Nous avions pu faire 3-4 séances de thérapie familiale qui nous avaient beaucoup aidé en faisant ressortir que tous ensemble nous avions des ressources pour sortir de la crise (donner un verre d'eau à Iris, détourner l'attention, aidé en cela par les autres membres de la fratrie, ne pas se polariser sur Iris, etc...)
Difficile parfois de trouver une place pour chacun, un équilibre pour chacun.
Anne-Catherine, maman d'Iris, 18 ans
mars 2025
Petit complément de mars 2025 : LUMIÈRE !
La bonne nouvelle du jour ! Iris a passé ce midi un entretien socio-professionnel avec la MDPH, après 8 mois d’attente à la suite de la demande de stage APIPRO au centre de réadaptation et l’infirmière qui l’a reçue et s’occupe du dossier, m’a dit qu’on devrait recevoir la notification fin mars début avril, si tout va bien Iris intégrera la session qui commencera le 1er septembre !
L’horizon a l’air de se dégager, je suis tellement contente…